Vous avez dit « logotype » ?

Le logotype se définit comme un symbole regroupant un ensemble de signes graphiques représentant la marque d’un produit ou d’un organisme.

Bien au-delà de cette pure définition livresque, le logotype véhicule des idées qui n’expriment pas seulement une activité ou un contenu, mais qui sont à même de transcender des valeurs humaines. Une sorte d’étendard ou de profession de foi qui a vocation à séduire et rassembler des individus.

Comme tout symbole, le logotype (littéralement le caractère qui parle) en dit long, même si le sens du contenu est rarement accessible sans exégèse. L’analyse du style, du concept et des couleurs relèvent d’une étude presque réservée aux professionnels tant il est possible de forger n’importe quel discours. Quoi qu’il en soit, le logotype laisse toujours l’empreinte d’un sentiment premier. Du simple au complexe, du triste à l’enjoué, du foutraque au sérieux, du banal à l’original, toute la palette des perceptions, ressentis et autres appréciations évoquent à chacun une impression immédiate, voire définitive.

Les millions de marques qui existent dans le monde ont depuis longtemps permis d’explorer des pistes diverses et vu fleurir des variations sans fin de mêmes concepts et mêmes idées. De fait, il n’existe aucun paramètre qui peut garantir la création d’un “bon” logotype. Les contextes, les besoins , les attentes sont tellement divers qu’il est vain de vouloir définir une méthodologie efficace ou de chercher de bonnes recettes pour la création de son logo.

Plutôt que d’avoir la prétention de dire ce qu’il faut faire, je préfère livrer ici quelques jalons à mémoriser pour ne pas s’égarer sur la route du tout est possible.

 

1/ Bon sang ! Une version en noir et blanc du logo ? Mais pour quoi faire ?

Les facilités actuelles de jouer avec la couleur, notamment les supports digitaux, ont permis à de nouveaux créateurs d’explorer toutes les richesses de la polychromie, des dégradés et autres complexités graphiques, en s’affranchissant de la plupart des contraintes techniques de reproduction. Reste qu’un logotype doit pouvoir se reproduire partout avec la même lisibilité, et conserver le même impact.

Oui, mais j’aimerai pourtant bien l’avoir sur un tampon ! Le graver sur des machines ! En faire un gaufrage..

Aborder une version noire, dès la conception, permet d’obtenir une sécurité sur sa portabilité, et c’est surtout un bon moyen de percevoir et nettoyer tout ce qui est inutile dans la forme. L’efficacité réside toujours dans la simplicité. Un logo qui perd son identité en passant au noir n’était somme toute qu’une image, sûrement pas un symbole digne de ce nom. Qui voudrait d’une simple image comme logo ?

2/ Ah oui, mais là, en petit, on ne va plus comprendre…

Réduire la taille de son logotype permet de vérifier à quelle taille minimale il reste utilisable et pleinement perceptible. Il est des gros, des longs, des ramassés, des joufflus qui souffrent en cote à cote, lors de cosignatures d’entreprises ou d’exigences techniques. Les contraintes d’édition imposent souvent des confrontations délicates. En matière de logo, on peut dire ; “qui en fait le moins en peut le plus”. Alors qui veut paraître mesquin, voire ridicule, à côté de son voisin ?

3/ La baseline (slogan) intégrée dans le logo ? Why not ?

Super ! Comme ça je serai sûr d’avoir tout dit… sauf que ça va gêner pour lire en petit format, et peut-être que demain j’aurai envie de changer ma baseline, somme toute très conjoncturelle, voire un peu mode, donc démodable. Voilà qui risque fort de coincer à un moment donné. D’autant que la lecture limite la réduction potentielle de la taille. Bref, un logotype n’est pas une plaquette. Toute sa puissance est justement contenue dans sa sobriété. Le bavardage le dépersonnalise plus qu’il n’informe. À proscrire, a priori… comme a posteriori !

4/ Ce serait génial si on faisait comprendre tout ce qu’on fait…

Multiplier les graphiques figuratifs, même dans un style pictogramme, a peu de chance d’être intelligible, encore moins d’être pérenne. Il est pourtant de nombreux exemples (dans l’activité alimentaire surtout), mais ne confondons pas logotype et enseigne. L’enseigne n’a qu’une vocation publicitaire. Passe encore lorsque la représentation du produit reste générique, mais en ajouter plusieurs pour que tout le monde comprenne bien la diversité des activités et produits confine au délire.

Une somme de petites choses ne fait pas une grandeur et encore moins une valeur. De la symbolique tu es issu, dans la symbolique tu resteras.

5/ Le format d’image ? C’est quoi ça… la taille ?

Oui et non ! On parle ici de format d’enregistrement du fichier. Beaucoup de logos ont été créés et proposés tels qu’ils ont été conçus, c.-à-d. souvent au format .jpg voire .png. Travailler librement un dessin avec des effets spéciaux de transparence ou de brillance est facile et plaisant sur un logiciel du type Photoshop ou équivalent . Malheureusement l’enregistrement original ne sera jamais modifiable en termes de taille sans en dégrader le contenu (surtout en agrandissement).

Le seul moyen de conserver un logo (ou une image dessinée) intact, quelle que soit la taille finale à utiliser, est de le construire au format vectoriel. Donc, si quelqu’un vous propose de créer votre logotype, exiger aussi les fichiers de référence au format vectoriel (les plus connus étant .ai ou .svg). Vous vous éviterez bien des problèmes dans son emploi futur en assurant une solution à tous les contextes.

Pour le reste, comme on dit trivialement ; c’est vous qui voyez !

Gardez en tête que votre logo est une bannière, un point de reconnaissance et de rassemblement, il faut donc qu’il reste visible et lisible. C’est l’identité de votre entreprise qui mérite l’attention et le respect nécessaire autant qu’il doit susciter l’attrait. C’est l’expression de ce vous faites, de ce que vous êtes et de ce que vous avez envie de partager. Soyez attentif à ne pas négliger cette dimension et à ne pas la dégrader.

 

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Gilles Dumont
Gilles Dumont
Fasciné par le monde de l’image depuis ma naissance, formé, voire déformé, au sein de l’École Nationale des Beaux-arts, je suis passionné par l'univers visuel et textuel comme par la matérialisation des idées et des concepts. Graphic Design, direction artistique, photographie, illustrations, motion design, cinéma/vidéo, bandes dessinées, peintures… Autant de disciplines qui me permettent de mettre en forme les idées et d'accompagner la communication des entreprises.